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Manteau d'étoiles, l'haïku-blog de Richard

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Ce blog est né d'un haïku. Le voici ...

couché sur l'herbe
dans mon manteau d'étoiles
j'ai dormi

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Manteau d'étoiles



Bienvenue sur le blog haïku de Richard (alias Yamasemi), principalement consacré au haïku et au senryû, un style de poème court venu du Japon.

Découvrez mon itinéraire dans l'écriture, une présentation des Maîtres du haïku et mes propres haïkus et senryûs au fil des jours. Vous trouverez plus d'informations sur ce blog dans la page d'aide.

Vous pouvez si vous le désirez réagir sur chaque article en utilisant le lien "Ajouter un commentaire" et, si vous avez apprécié votre visite, vous pouvez aussi recommander ce blog.
27 juillet 2008 7 27 /07 /juillet /2008 07:41
Sauterelle verte - par courtoisie de WikipediaLe petit sondage d'il y a deux jours semble pencher vers la dernière version, jugée plus ouverte, sans fioriture ni effet d'écriture trop marqué. Le duilien tient la corde :
sans but
croisant une graine volante

J'hésite encore à le garder sous cette forme ou à lui redonner un rythme ternaire, ce qui là encore entraine un choix:
sans but
croisant une graine
volante

ou bien

sans but
croisant
une graine volante


La présentation calligraphique oriente la lecture, ce que fait très justement remarquer Aicha en commentaire du billet d'origine.

Je ne sais pas ce qui m'arrive en ce moment, mais cette tendance à l'élagage se confirme. Nous avons un beau balcon sur lequel je me suis mis en tête de cultiver quelques plantes utiles: arômatiques, tomates cerises, poivrons et même piments (l'influence de la Réunion probablement).

Hier, j'avise une sauterelle verte sur un jeune piment. Je n'ai pas eu le temps de la photographier, mais j'ai eu le temps de noter instinctivement :

la sauterelle verte
posée sur un piment vert
amoureuse

Evidemment, ça demande maintenant un travaile "d'épluchage" pour enlever la peau et ne garder que le fruit.

la sauterelle verte
sur un piment vert
amoureuse

C'est mieux, mais la répétition de "vert" peut encore passer pour une grosse ficelle d'écriture. Soit je supprime le vert de la sauterelle, soit celui du piment. Une sauterelle est en principe toujours verte, ce sont les criquets qui sont jaunâtres ou brunâtres. En revanche, c'est le vert de mon jeune piment qui déclenche la note humoristique. Donc:

la sauterelle
sur un piment vert
amoureuse

Et puis finalement, la tentation minimaliste frappe encore. On dit souvent de se méfier des épithètes dans le haïku. Je tente donc, en ajoutant une césure pour marquer le glissement de la chose vue vers la note d'humour:

la sauterelle
sur un piment
- amoureuse

La sauterelle sur un piment? Mhhhh, pas mal comme titre pour un recueil de haïkus, non? Ca commence à me tenter sérieusement, il faudrait que je m'en occupe.

Plus sérieusement, re-sondage: quelle est votre version préférée? Et pour la graine volante, duilien ou tercet, et si tercet, quelle version?

Je vous laisse choisir, j'ai mes tomates cerises et mes piments à arroser!


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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 09:21
Image par courtoisie de WikipediaIl y a avait bien longtemps que je n'avais pas fait un sondage, ni partagé mes réflexions sur l'écriture du haïku.

Après six mois d'arrêt,  on me dit que mon écriture a encore évolué. C'est bien possible, il me semble en effet qu'elle est plus dépouillée qu'avant.  Cela dit, elle ne me satisfait toujours pas. Je trouve qu'elle manque encore de naturel, qu'elle ne va pas suffisamment de soi.

Je commence à percevoir un peu plus précisément ce qui fait la "saveur" caractéristique du haiku. Il me semble que c'est la conjonction judicieuse de deux images (parfois trois, mais c'est plus rare et plus difficile à écrire sans verser dans la "liste de courses").

L'extrême brièveté du haïku débarasse ces deux images de tout élément parasite et concentre l'attention du lecteur sur elles et sur les rapports qu'elles entretiennent.  Ce rapport fait la richesse du haïku. Il peut s'agir d'un rapport d'analogie, d'un glissement de sens subtil ou au contraire d'un antagonisme plus ou moins fort.

La juxtaposition des deux images ouvre en fait un espace plus ou moins vaste que le lecteur est supposé visiter. Il y  trouvera des résonances avec son vécu, sa culture, son histoire, et plus elles seront profondes, plus il appréciera le haïku en question.

Il ne s'agit donc pas, comme le font la plupart des générateurs automatiques de haïkus, d'écrire une ligne concernant la météo (pour avoir le fameux kigo, ou mot de saison), puis d'insérer une image de nature et de terminer par une seconde n'ayant strictement aucun rapport pour faire un haïku correct.

L'espace entre les images vient de l'oeil particulier du poète et de sa capacité à associer à ce qu'il voit une autre chose vue ou vécue. C'est aussi un domaine où je dois m'améliorer. Plus le regard est large, plus la conscience est vaste, et plus l'oeil peut embrasser un maximum de choses, dont une ou deux émergeront plus particulièrement pour donner naissance au haïku. Une petite conjonction de choses qui provoquera chez le haïjin une émotion, un serrement de coeur ou un sourire qui lui vaudra la peine d'être apprivoisé en quelques mots qui formeront le haïku.

Il faut pour cela rester ouvert, garder une innocence que décrit pour moi parfaitement ce que disait le grand réalisateur Kenji Mizoguchi : "il faudrait se laver les yeux entre chaque regard".

Garder cette innocence des yeux pour continuer à s'émerveiller et parler des nuages ou des hirondelles sans trop se répéter par exemple...

Ensuite, il s'agit de ne pas trop encombrer l'espace que l'on ouvre entre les deux images en imposant trop sa propre vision au lecteur. Il doit être libre de poser le regard où il veut. c'est ce qui fait la richesse du haïku . Il ne faut ni lui mettre des oeillères, ni l'empêcher de tourner la tête en quelque sorte. Il faut donc suggérer plutôt qu'imposer (Francis, si tu me lis ...)

Dans cette quête du regard panoramique et de l'expression floue, j'ai fait hier une petite expérience.

Je traversais le parc voisin du bureau quand j'ai croisé une graine volante flottant silencieusement dans le sous-bois. On peut y voir de multiples choses, depuis la simple analogie humoristique jusqu'à une métaphore de la condition humaine. Entre les deux ... un vaste espace. Typiquement ce qui me semble pouvoir faire un bon haïku.

Je note donc rapidement  : marchant sans but, je croise une graine volante, sans but elle aussi.

Le travail d'élagage commence. Marchant est inutile, on se doute que je ne vole pas, et "sans but" devrait suffire à suggérer une promenade. En outre, je me mets en retrait en utilisant le participe présent au lieu de la conjugaison à la première personne. La version initiale est donc:

sans but
croisant une graine volante
sans but non plus

Quelque chose me gêne. Ce "non plus" est un gros bouton sur le nez du haïku. Au bout de trois ou quatre relectures à mi-voix ,  je n'entends plus que lui. Il ferme trop, que ce soit au point de vue sens ou sonorité. Il dénonce trop lourdement l'analogie entre l'homme et la graine, il l'impose. Et il suffit de le lire à haute voix pour être gêné par ce "non plus" sur lequelle chute lourdement le tercet. Nouvelle version :

sans but
croisant une graine volante
sans but

Voilà qui me parait mieux. Mais à la réflexion, la construction en miroir me fait un peu tiquer. Il me semble qu'elle fait un peu trop "technique d'écriture" et surtout qu'elle insiste encore lourdement sur l'analogie homme-graine. Certes, c'est le décalage initial qui m'a donné envie d'écrire le haïku, mais n'est-ce pas un peu téléphoné?

A ce point, je suis un peu ennuyé, parce que les deux premières lignes me paraissent bonnes. Comment remanier la troisième, où tailler encore dans la matière?

Et si ... je la supprimais tout simplement? Cela ne fait que deux lignes, un "duilien" :

sans but
croisant une graine volante

L'intérêt est une ouverture maximum. Il y a juste le compte-rendu de l'instant. Libre à chacun d'y voir, d'y vivre sa propre expérience. Mais à force d'ouvrir l'espace du poème, ne vais-je pas carrément le désintégrer?

Il y avait eu récemment sur la liste haiku-fr un petit débat sur l'élagage dans l'expression, débat vif et animé dont l'humour n'était pas absent (certains commencaient même à élaguer les sigles ;-) La conclusion provisoire était qu'il ne fallait peut-être pas pousser le bouchon trop loin.

Certes, le minimalisme est un art difficile. Certains le pratiquent avec un grand talent, comme Marcel Peltier qui écrivait il y a un certain temps des perles comme celles-ci :

ciel dégagé -
l'unique étoile
du berger

Pas une syllabe de trop, et pourtant tout le ciel nocturne est là, avec Vénus pour l'éclairer. Tout est dans le choix des mots, une telle rigueur est le fruit d'une longue réflexion. Tout comme les pauses et silence en musique sont de la musique, il y a ici autant de poésie dans les silences que dans les mots qu'ils relient.

Depuis, Marcel a entrepris une recherche que l'on peut suivre sur son site Moments Ouverts à la Poésie Minimaliste (MOP) où il écrit ce qu'il appelle des "fragments", conscient sans doute qu'il suit un sentier qui n'est plus forcément celui du haïku.  Ces fragments brillent d'un éclat bien à eux et sont souvent des duiliens, même si -que Marcel n'hésite pas à s'exprimer sur cette remarque en commentaire- il arrive que le titre soit, me semble-t-il, une première ligne "déguisée" qui reconstitue le ternaire du haïku. Je vous conseille fortement d'aller lire ces fragments d'un art difficile, exigeant et courageux.

Alors, ma troisième version est-elle encore un haïku (je rappelle que l'écriture sur trois lignes n'est qu'une convention occidentale ignorée au Japon) ou un fragment?

Ce sera la question du jour. Quelle version préférez-vous et pourquoi?

A vous lire en commentaires!
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23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 13:21
Le haïku d'hier mérite une explication.

La fatigue accumulée pendant la semaine, le stress et bien d'autres facteurs transitoires  ont avivé les tensions et  fait que j'ai passé un week-end exécrable, en dépit du beau temps.

Dimanche soir,  un corbeau passant dans le ciel bleu au moment où je fermais la fenêtre me fait noter:

dans le ciel bleu
un oiseau noir tout là haut
moi, sous son ombre immense

Vient ensuite le temps du travail qui va permettre d'obtenir un haïku à partir de cette notation et de mon état d'esprit à ce moment précis, à savoir une sourde colère. L'ingrédient de base est constitué par le fort contraste entre ce ciel bleu et l'ombre de l'oiseau noir qui s'étend sur moi et révèle mon humeur.

Première constatation : la formulation initiale est beaucoup trop verbeuse.  Je commence à élaguer :

ciel bleu
un oiseau noir très haut
moi, sous son ombre immense

Puis, j'accentue la position dominante de l'oiseau par le choix du mot juste et précis. En outre, je renforce le contraste ciel bleu/oiseau noir en insérant une césure à la fin de la première ligne :

ciel bleu -
un oiseau noir au zénith
moi, sous son ombre immense

A cet instant précis me revient un passage du merveilleux récit Oreiller d'herbes de Natsume Sôseki:

Supposons que l’on soit en colère : la colère prend aussitôt la forme de 17 syllabes. Sa transmutation en 17 syllabes en fait la colère d’un autre. Une même personne ne peut pas en même temps se mettre en colère et composer un haïku.

En effet, je réalise que je ne suis plus en colère. Me pencher sur cette colère, l'accepter, l'intégrer en tant qu'expérience sans la juger et en rendre compte m'a permis de la positiver et donc de la dissiper.

Il ne me reste plus qu'à m'effacer pour ouvrir le poème et en faire un véritable haïku, où seule l'expérience de ce que j'ai vu demeure. Un expérience que tout un chacun pourra recevoir de diverses manières, en fonction de son propre vécu. Dernier changement, subtil mais important : je déplace la césure, qui n'accentue plus le contraste révélant mon humeur, mais juste le phénomène optique observé. Plus de jugement, juste ce qui s'est passé, dans sa pureté.

ciel bleu
un oiseau noir au zénith
- son ombre immense

L'acte d'écriture comme une thérapie ...  Me revient cet autre passage d'Oreiller d'herbes:

Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le coeur des hommes.
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15 décembre 2006 5 15 /12 /décembre /2006 22:22
En commentant le senryû d'hier, Philippe me disait l'avoir trouvé "trop simple" à la première lecture avant de le relire et de l'apprécier.

Philippe, tu ne pouvais pas me faire plus beau compliment!

A l'issue d'une semaine de folie que je termine éreinté et durant laquelle j'ai eu très peu de temps à consacrer au haïku et à Manteau d'étoiles, je réalise que ceci a peut-être été une chance.

Tout d'abord les dix à quinze minutes que je consacrais au haïku m'ont apporté la détente indispensable à la fin de journées bien remplies. Ce fut ma soupape de sûreté. Le haïku est un plaisir, mais aussi désormais un ingrédient indispensable à mon bien-être et à mon équilibre.

Ensuite, et c'est sans doute le plus important, j'ai réalisé à quel point la voix (et la voie) doit être celle du coeur. Et la voie /voix du coeur est celle de la simplicité, telle que nous l'ont indiquée les Maîtres.

Reprenons ce merveilleux haïku de Bashô:

au parfum des pruniers
le soleil se lève -
sentier de montagne!

Des mots simples, des images simples, et pourtant ...

Puissé-je atteindre un jour cette limpidité, cette pureté d'écriture, en un mot cette merveilleuse simplicité!
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13 décembre 2006 3 13 /12 /décembre /2006 17:09
Suite au senryû d'hier, deux réactions intéressantes de MoHe et Philippe: la suppression du "faux", le pluriel "Pères Noël" suffisant à impliquer qu'il s'agit d'imposteurs puisque le "vrai" est unique.

C'est bien vu, et je me rallierais bien à cette suggestion.
Le senryû revu et corrigé deviendrait donc:

tintements têtus -
les cloches des Salutistes
parmi les Pères Noël

C'est logique, mais curieusement il me manque quelque chose.

Il s'agit d'un senryû, non d'un haïku. La force du haïku réside dans son ouverture et son pouvoir de suggestion. Un minimum de mots pour un maximum de signifié entre les mots.

Le senryû est bien plus explicite. Il parle de l'humain, de ses petits travers ou de ses grandes misères et il n'hésite pas à prendre parti. Il est volontiers décapant, satyrique, voire féroce.

Ici, j'ai voulu rendre compte de cet élan de générosité très saisonnier que l'on constate autour de Noël, de cette sorte de dédouanement qui permet de s'amuser pendant les fêtes en ayant bonne conscience alors que le reste de l'année, on oublie les pauvres gens.

Entendons nous bien: je ne donne pas de leçon (qui serais-je pour en donner?) et je ne parle pas forcément de vous ou moi. Je parle de tous ceux qui pourraient vraiment changer les choses et qui ne font rien ou si peu, laissant précisément vous ou moi supporter seul ou presque le poids d'une mauvaise conscience réveillée par le fameux et lancinant tintement de la cloche de l'Armée du Salut pendant les courses de Noël.

Les "faux Pères Noël" ne sont pas seulement les hommes en rouge affublés d'une barbe postiche ... D'où l'emploi de l'épithète "faux", qui appuie là où ça fait mal ... surtout six mois avant les élections présidentielles françaises.
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9 décembre 2006 6 09 /12 /décembre /2006 19:13
En écrivant le haïku d'hier, j'avais bien conscience d'y insérer une métaphore qui pourrait faire louper un battement de coeur aux tenants de l'orthodoxie. En principe,on n'insère pas de métaphore dans un haïku. J'ai eu l'occasion de développer ma position sur la question ici.

J'ai écrit mon haïku avec spontanéité. C'est comme cela que je préfère écrire, suivant en cela le précepte de Santoka: tout ce qui n'est pas réellement présent dans le coeur ne relève pas du haïku.

Le verbe "épouser" s'est donc naturellement imposé pour rendre au mieux ce que je voyais. Je reconnais toutefois, en plus de la métaphore, un léger cliché. Je vous propose donc aujourd'hui cette variante:

horizon crayeux -
la terre et le ciel se fondent
quelque part vers l'ouest

Cela faisait longtemps que je n'avais pas proposé un sondage
En voici donc un: relisez les deux versions, voyez ce que l'une et l'autre fait résonner en vous et dites-moi laquelle vous préférez et pourquoi.
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6 novembre 2006 1 06 /11 /novembre /2006 09:34
Depuis quelques jours, certaines personnes me soumettent des poèmes en commentaires de billets de Manteau d'étoiles et me demandent s'il s'agit de haïkus.

Tout d'abord, je tiens à les remercier d'une confiance qui m'honore. Cela dit, au risque de les décevoir, je ne me sens pas le droit de jouer les arbitres et d'accepter ou exclure tel ou tel poème.

Je ne pense en effet pas avoir encore l'expérience nécessaire pour cela. Je suis flatté que vous le pensiez, mais je ne suis pas un Maître en la matière, et je ne suis pas qualifié pour fonder une école. Du reste, mes auteurs préférés (Issa, Ryôkan ...) n'ont créé aucune école.

En revanche, je me suis engagé à vous répondre individuellement par courriel et je le ferai. De même, je peux donner quelques conseils généraux, fruits de ma courte expérience et de mon parcours jusqu'à maintenant.

Tout d'abord, je vous engage à lire ce billet et celui-ci que j'avais écrit il y a quelque temps à l'intention de celles et ceux qui voudraient se lancer. Après vos premiers essais, vous pourrez enchaîner avec tous les billets de la catégorie l'écriture, qui retracent mes propres essais et tatonnements. Je tatonne toujours, du reste ...

Ensuite, je crois plus à une approche globale du haïku qu'à une approche analytique. En termes clairs, il faut avant tout ressentir le haïku, ce qui le rend si particulier, ce qui vous plait en lui et vous donne envie de vous y mettre.  Ceci fait, il vous sera plus facile de faire vos premières tentatives et de voir si, à la lecture de vos poèmes, vous avez un ressenti semblable à celui que vous avez eu en lisant ceux des Maîtres. Cela peut paraître présomptueux, et il ne faut pas s'attendre à frémir tout de suite comme à la lecture d'un Bashô ou d'un Buson, mais je crois fermement aux vertus de l'imitation. Attention, j'ai bien dit imitation et non copie, encore moins plagiat. Et je parle ici d'imiter l'ambiance, la sensation, et non les mots en eux même. C'est l'esprit et non la lettre qui compte. A bien y réfléchir, l'enseignement asiatique ne procède pas autrement: le Maître montre la technique, l'élève tente de la reproduire. Cette méthode est bien connue des pratiquants d'Arts martiaux ayant étudié avec des Maîtres orientaux. Elle désarçonne souvent l'occidental habitué à la méthode discursive que nous connaissons: on analyse, on décortique, on parle avant de faire. Rien de cela en Asie: l'exemple par le geste. L'élève essaye, le Maître corrige le geste, rectifie une position de pied ou de main, intervient parfois brièvement pour donner une indication si l'erreur est trop grossière, mais c'est tout.

L'équivalent en matière de haïkus? Simple: il faut en lire, en relire et en lire encore. Notez ceux qui vous touchent le plus et essayez de comprendre en quoi et pourquoi ils vous touchent. Ce faisant, ne faites pas quatre pages d'analyse par haïku, ce n'est pas le but. Encore une fois, c'est la sensation et l'émotion qui compte. Puis, lancez-vous.

Vous aurez bien entendu besoin de quelques conseils techniques pour démarrer. Les deux  premiers billets vous donneront déjà une courte bibliographie, à laquelle s'ajoute depuis peu l'indispensable Tout sur les haïkus de Dominique Chipot.

Ce faisant, ne vous laissez pas non plus déborder par le côté purement technique. Encore une fois, c'est l'esprit et non la lettre qui compte, et ce que votre poème fait résonner dans le vécu du lecteur. Retenez simplement trois choses:

- le haïku est bref (une vingtaine de syllabes, en principe en trois temps court-long-court)

- le haïku ne rime pas (sinon par accident, mais ne le recherchez jamais)

- le haïku met en principe deux images à contribution, qu'elles se renforcent mutuellement ou qu'elles contrastent.  C'est le plus important, et c'est cette juxtaposition plus ou moins réussie qui réussit le tour de force de faire d'un texte aussi court un poème et non une simple sentence ou proverbe. Une seule image ne suffit pas, sauf si elle est forte ou insolite (ma corneille traversant dans le passage piétons hier). Plus de deux images, et c'est ce que nous appelons "la liste de courses". Une énumération ne suffit pas à faire un poème, sauf si l'on s'appelle Prévert, et encore faut-il alors qu'elle comprenne une longue-vue et un raton-laveur

Résumons donc:

- lire des haïkus: L'anthologie du poème court japonais chez Poésie Gallimard (Corinne Atlan et Zéno Bianu), accompagné de Fourmis sans ombres, le livre du haïku de Maurice Coyaud chez Phoebus/Libretto vous suffiront pour démarrer. Vous pouvez éventuellement y ajouter L'anthologie de la poésie japonaise classique de G. Renondeau chez Poésie/Gallimard afin d'avoir une vue d'ensemble des origines du haïku avec le tanka, la plus ancienne forme de poésie japonaise originale.

- des livres traitant du haïku: outre le Chipot, procurez-vous Sages ou fous les haïkus? de Henri Brunel chez Calmann-Lévy.  J'aime ce livre car on sent que leur auteur aime passionnément les haïkus. C'est par lui que j'ai commencé à en écrire parce qu'il les présentait par leur aspect émotionnel et  esthétique et qu'on y sent une réelle passion pour le genre. Cela suffira dans un premier temps.

- des sites Internet: en priorité celui de l'Association française de haïkus, le Temps libres de Serge Tomé et Haïkus sans frontières d'André Duhaime, références incontournables.

Enfin, et c'est le plus important, prenez du plaisir à écrire! Et n'attendez pas qu'on vous dise si c'est un haïku ou non. Lorsque vous en aurez écrit un, croyez-moi, vous le sentirez! C'est tout le bonheur que je vous souhaite.
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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 11:52
J'entame un nouveau carnet. A chaque fois, c'est la même impression devant ces pages blanches, je me demande où ce nouveau carnet m'amènera dans l'écriture:

carnet neuf -
à nouveau
tout est possible

Pour les trois premiers carnets, tout commençait par le même rituel: reporter dans le nouveau les haïkus inachevés du précédents ainsi que les instants perçus que je voulais fixer par un  haïku sans en avoir eu le temps. Tout ceci s'accumulant, j'ai depuis opté pour une autre solution: les inachevés ont à présent leur propre carnet, et je démarre ainsi à chaque fois sur un carnet propre.

Je consulte les inachevés régulièrement, soit lorsque je n'ai rien vu de la journée me donnant envie d'écrire, soit en fin de semaine lorsque j'ai un peu de temps pour me repencher tranquillement sur ces "espoirs de haïkus".

On conseille souvent, lorsqu'un haïku "ne vient pas", de le laisser un peu reposer comme une pâte. Le travail se fait parfois tout seul, il m'est arrivé de constater que j'avais trouvé les mots qu'il fallait sans en avoir conscience et l'inachevé était en fait terminé. Sympathique!

Autre cas de figure, le repos et le recul donnent un oeil neuf, moins impliqué dans le moment, ce qui permet de trouver la formulation adéquate plus aisément. Un haïku sur lequel on a passé des heures peut ainsi être achevé en trente secondes. C'est une sensation très gratifiante.

Enfin, il y a les rebelles, les retords. Ceux-là dorment dans le carnet d'inachevés depuis longtemps. De vieux amis exigeants, qui ne se livrent pas facilement et attendent leur heure. Ce sont sans doute les meilleurs, mais le moment a peut-être été vécu trop tôt pour que je puisse le transcrire sur le champ et mon écriture doit évoluer. Ces haïkus rétifs sont pour moi un motif supplémentaire et très stimulant de progresser dans mon écriture. La route est encore longue ...
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30 septembre 2006 6 30 /09 /septembre /2006 05:10
Le point d'interrogation parce que je peux encore évoluer sur ce sujet, bien sûr. Toutefois, après bien des recherches et mûres réflexions sur ce sujet, il me semble être arrivé à une position relativement stable et qui me convient.

Lorsque j'ai commencé à écrire des haïkus, le respect de la forme 5-7-5 (dix-sept syllabes en trois lignes de cinq, sept et cinq syllabes) me paraissait capital, tout comme la forme de deux quatrains et deux tercets d'alexandrins pour un sonnet. Certains arguments m'avaient déjà conduit à assouplir cette position, notamment le fait que les haïkus que j 'avais aimés et qui m'avaient donné envie d'en écrire étaient des traductions françaises qui ne suivaient pas forcément cette règle.

Depuis, il est clair que mon écriture a évolué. Mes haïkus sont loins de toujours respecter la fameuse forme en 5-7-5 et lorsque je parle de mon souhait d'aller plus loin, le compte de syllabes n'est pas ce qui me préoccupe.

Et au fait, s'agit-il bien de syllabes? Je parlais de "recherches", et il faut bien avouer que les querelles d'experts concernant la métrique de la langue japonaise en général et de ses poèmes en particulier font rage. Ici et là, on vous dira en effet que le haïku comporte non pas dix-sept syllabe, mais dix-sept onji (unités de son japonais). Le malentendu viendrait de l'interprétation abusive faisant de ces onji des syllabes.

Diantre! Que signifie? En creusant un peu (Google et Wikipedia sont nos amis), on découvre en effet que notre brave syllabe peut encore être découpée en éléments plus fins appelés mores par une science répondant au doux nom de phonologie, elle-même branche de la linguistique.

On apprend ainsi qu'il existe aussi un poids syllabique déterminant leur découpage en une ou deux mores. Plus intéressant encore (si l'on peut dire ...), il existerait des langues basées non pas sur des syllabes, mais sur des mores. Dans de telles langues, les mots sont découpables en unités de sons ayant toutes la même valeur: ce sont les langues moriques.

Devinez quelle langue est toujours citée en exemple? Ceux qui ont répondu "le Japonais" ont gagné!

Le haïku classique ne ferait donc pas 5-7-5 syllabes, mais 5-7-5 mores. C'est à peu près impossible à reproduire en Français sans solides connaissances en phonologie, le Français étant une langue syllabique. C'est aussi un sacré défi en Anglais, langue accentuelle (c'est à dire rythmée par l'accent tonique).

On pourrait donc penser se libérer définitivement de cette contrainte illusoire, car propre à une langue basée sur un système de phonèmes différent du nôtre. Las! c'est compter sans les querelles d'experts dont je parlais. Du reste, il me parait significatif de constater que le paragraphe concernant le vers japonais dans l'article Wikipédia traitant du pied en poésie reste à écrire!

Il semblerait en effet (je mets au conditionnel, car c'est l'état actuel de mes recherches) que certains considèrent encore la syllabe comme la base de la prosodie en Japonais:

J’ai le sentiment que l’on continue d’accorder à la syllabe un statut central et universel par rapport aux autres éléments de la hiérarchie prosodique (more, pied, etc.) sans que ceci soit justifié, ni par les faits, ni par la théorie elle-même.

(Laurence Labrune, La phonologie du japonais : entre tradition et modélisation, Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3 & CNRS - Equipe de Recherche en Syntaxe et en Sémantique, UMR 5610, 2005. Quand je vous disais que j'avais fait des recherches!)

On réalise, en se plongeant courageusement  dans ce rapport de synthèse (!) que les experts en linguistique ne sont eux-même pas d'accord sur cette histoire de syllabes/mores. Même si c'est assez technique, cela vaut la peine de lire ce chapitre consacré aux composants prosodiques du japonais.

Voir aussi cet intéressant article sur le blog de Tabi.

Quelles conclusions tiré-je de tout ceci?

Tout d'abord, si les experts eux-même ne sont pas d'accord sur la métrique du Japonais, je ne vois pas comment nous pourrions avoir une position strictement arrêtée. Et du reste, est-ce si important? J'ai voulu vous communiquer  le fruit de mes recherches - étant d'un naturel curieux mais partageur- mais il faut bien avouer qu'on s'enfonce dans la technique la plus aride et que l'on s'éloigne de la poésie. Comme le disait Jean Cocteau: à force d'aller au fond des choses, on y reste

Ensuite, il me paraît définitivement vain de prétendre adopter trait pour trait une forme poétique née d'une culture différente, avec une langue différente. Si le Japonais compte en mores et nous en syllabes et l'Anglais, le Russe et le Néerlandais en accents, le haïku dans une autre langue que le Japonais ne peut être qu'une adaptation.  Cela suppose inévitablement que l'on fasse des choix, par nature contestables.

Enfin, et c'est la conséquence immédiate de ce qui précède, je ne vois donc pas de quel droit on contesterait  à un tercet le statut de haïku au seul motif qu'il n'est pas long de dix-sept syllabes réparties sur trois lignes de cinq, sept et cinq syllabes. Et je ne parle même pas de cette répartition en trois lignes, pure convention occidentale car la haïku en Japonais s'écrit sur une seule ligne!

Si l'on s'en tient strictement aux critères de longueur, car il y en a évidemment bien d'autres, et beaucoup plus importants, je dirais donc que le haïku est un poème court de moins de vingt syllabes, si possible réparties en trois "temps"  court-long-court.

J'aime le rythme ternaire et l'équilibre, aussi je me réjouis si je peux faire un 5-7-5 "conforme à la tradition", mais ce n'est plus du tout un impératif pour moi. Je ne renonce pas à un mot qui me paraît important ni ne renverse l'ordre des idées ou des images pour "tenir" dans ce format. Je ne torture ni la langue ni la syntaxe pour faire plus court. C'est généralement impossible, le haïku étant en principe l'expression de l'essentiel, donc l'image réduite au strict nécessaire, le "distillat ultime" de l'expérience. Inversement, je ne rallonge pas inutilement le poème s'il fait moins de dix-sept syllabes en y insérant des mots supplémentaires pour "faire le compte". Ce serait faire des vers de mirliton.

Je terminerai ce billet très technique et farci de liens en précisant qu'il n'y a qu'une occasion où je trouve le respect du 5-7-5 utile, et c'est lorsque l'on débute dans l'écriture du haïku. D'une part cela met un frein à la longueur des poèmes, car on est généralement habitué à la longueur de la poésie occidentale. D'autre part, cet exercice oblige à choisir soigneusement ses mots. Ces deux effets seront salutaires pour la progression. Toutefois, il ne faut pas en faire une obsession.
 
Le 5-7-5 est une idée en filigrane, l'essentiel est de lire des haïkus, encore et encore, des classiques japonais et d'autres, d'en écrire soi-même et d'en échanger avec d'autres haïjins. Et tout le reste est littérature (Verlaine).
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4 septembre 2006 1 04 /09 /septembre /2006 06:14
Carnet et stylo Lorsque j'ai commencé à écrire des haïkus en août 2000, j'utilisais des feuilles volantes et un stylo quelconque.

Ensuite, je les ai consignés soigneusement dans un petit livre de papier tibétain trouvé à l'Art du papier rue Vavin avec le petit stylo à plume ci-contre, acheté dans la même boutique.

Il y eut ensuite pour diverses raisons une longue interruption dans l'écriture, puisque je n'ai recommencé à composer des haïkus qu'en octobre 2005

Rangés dans la bibliothèque, le livre de papier tibétain et le petit stylo attendaient sagement leur heure. J'écrivais alors mes brouillons sur des feuilles volantes, avec n'importe quel stylo. Le petit plume et le livre étaient réservés aux haïkus finis.

Suite à cette mésaventure, je réalisai  qu'il me fallait toujours avoir sur moi un carnet  de brouillon et un stylo. Ce dernier était tout trouvé, sa petite taille et son excellente plume me convenant parfaitement. Pour le carnet, les critères de choix étaient simples: petit (tenant dans une poche), costaud, assez rigide pour que l'on puisse y écrire sans avoir besoin de s'appuyer sur un support et facile à trouver. Assez rapidement, mon choix s'est porté sur un carnet Clairefontaine à spirales de 100 pages de 95 x 140 mm. Je le trouve idéal: papier velouté, lignage fin (je préfère cela aux petits carreaux), coloris feuille morte discret et chaleureux (il existe aussi en noir) et couverture assez rigide. Il est très facile à trouver, notamment aux FNAC Halles et CNIT.

J'ai aussi essayé récemment les petits carnets récemment sortis par la société Jnf qui a rescussité le légendaire Moleskine. Légèrement plus petits, cousus, plus fins, ils peuvent dépanner et tiennent même dans une poche revolver. Le papier ivoire est finement quadrillé et, délicate attention, les pages de la seconde moitié du carnet sont détachables pour dépanner les amis d'une feuille ou deux. La dernière de couverture comporte un rabat, comme tous les Moleskine. Malheureusement, cette couverture est aussi le talon d'Achille de ce petit carnet car elle n'est pas assez rigide pour que l'on puisse écrire sans se passer d'un support. C'est donc pour moi un carnet de secours, existant en noir ou chameau et facile à se procurer par lot de trois partout où l'on trouve des Moleskine (la FNAC entre autres).

Et puis mon fidèle petit stylo a commencé à donner des signes de fatigue. Ce fut d'abord le revêtement (voir la photo). Cela ne me gênait nullement, ces signes de vie intense n'étant pas pour me déplaire. Plus ennuyeux, le verrouillage du capuchon a commencé à se montrer capricieux, et je n'avais pas envie de me retrouver avec de l'encre dans la poche. Il a bien fallu lui chercher un remplaçant.

Impossible de retrouver le même, il semble qu'il ne se fasse plus. Muni d'une excellente plume, pas cher (de tête une dizaine d'Euros il y a cinq ans), ce petit stylo dont la seule marque visible est "Online" sur l'agrafe (ça ne s'invente pas!) semble maintenant introuvable. Il a donc fallu trouver autre chose.

C'est à la papeterie du dôme à Montparnasse - que je recommande pour leurs excellents conseils, leur patience et leur amabilité - que j'ai trouvé mon bonheur, à savoir un Delta Soirée Undersize avec une plume en or 18 carats et des attributs plaqués or. Je n'étais pas parti pour acheter un stylo de ce prix, mais j'avoue avoir craqué pour ce bel objet fait à la main en Italie, garantie à vie et dont la plume est une merveille. Et puis j'écris tous les jours,  je me suis donc fait ce plaisir. Je le trouve superbe, plus original qu'un Montblanc (qui existe en petite taille, modèle Mozart) et surtout son diamètre plus conséquent convient mieux à ma main.

Lorsque je l'ai essayé, deux haïkus sont venus spontanément sous sa plume:

déjà le feuillage
commence à se consumer
été finissant

et:

mon stylo vide
en laissant entrer la nuit
je recharge

Après cela, je ne pouvais que l'adopter.
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