2 février 2006
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Buson est né en 1716 à Kema en banlieue d'Osaka dans une famille de paysans. Il y restera une vingtaine d'années, se passionnant dès son plus jeune âge pour la pratique de la peinture.
Il part ensuite à Edo (l'ancien nom de Tokyo) afin d'approfondir son art et d'étudier la poésie. C'est là qu'il s'initie au haïku sous la férule du Maître Senzan, puis de Hayano. Ce dernier, parfois appelé Soa, est un disciple de Kikaku et Ransetsu, eux-mêmes disciples de Bashô.
A la mort de son Maître, Buson commence à voyager, comme son illustre devancier Bashô, tout en peignant et en écrivant. Il se fixe vers 1750 à Kyoto pour parfaire ses études de peinture. Il mène alors de front son activité de peintre, ouvrant une école et également un atelier, et son activité de poète, fondant une association poétique. Il déménage plusieurs fois, prenant le nom de Yosa Buson après avoir habité le village de Yosa, et continue à voyager, tandis que sa réputation de peintre grandit.
Ce n'est pas que sa poésie soit en retrait par rapport à sa peinture, il devient même le Maître de l'Ecole de poésie de Kyoto, c'est tout simplement qu'il est l'un des meilleurs peintres de son temps, l'un des plus prolifiques aussi. Cela éclipsera un temps son génie de poète, bien qu'il arrête totalement de peindre pour se consacrer entièrement à la poésie dans les dernières années de sa vie.
Il voue une admiration toute particulière à Bashô, son grand devancier, dont il restaure l'ermitage avec sa femme, Tomo.
C'est tout comme lui au retour d'un voyage, un périple au mont Yoshino, que la maladie rattrapera ce pélerin infatigable en 1782. Il se remet, mais il ne résiste pas au plaisir d'aller cueillir des champignons près de Kyoto. Il retombe gravement malade et sent la mort venir. Elle viendra le prendre entouré des siens le 25 décembre 1783. On l'enterrera non loin de l'ermitage de Bashô.
La poésie de Buson est bien celle d'un grand peintre, ici c'est l'oeil et la qualité de son regard qui frappent, tout comme le sens de la composition. Là où Bashô se caractérise par l'humanité, la simplicité et une certaine truculence, Buson se montre souvent plus lyrique. Il manie les mots comme son pinceau, avec une précision qui impressionne :
Ses haïkus sont construits comme ses tableaux, sur plusieurs plans admirablement étagés :
son amour de la nature est évident :
mais il sait aussi voir le détail qu'il saura rendre avec une certaine tendresse :
ou cette idylle naissante qui nous rappelle Brassens (un coin de parapluie) :
Mais Buson sait aussi être incisif, notamment à l'égard du clergé qu'il n'épargne pas :
et pratique aussi volontiers l'auto-dérision :
Sa grande admiration pour Bashô se révèle dans cet hommage :
Bashô nous a quittés
depuis lors
l'an ne s'est pas terminé
en écho au célèbre haïku de son prédécesseur :
Peintre-poète qui avait choisi sur le tard de se consacrer exclusivement au haïku, Buson ira jusqu'au bout, écrivant la veille même de sa mort trois dernières pièces dont celle-ci, chant du cygne admirable :
Il part ensuite à Edo (l'ancien nom de Tokyo) afin d'approfondir son art et d'étudier la poésie. C'est là qu'il s'initie au haïku sous la férule du Maître Senzan, puis de Hayano. Ce dernier, parfois appelé Soa, est un disciple de Kikaku et Ransetsu, eux-mêmes disciples de Bashô.
A la mort de son Maître, Buson commence à voyager, comme son illustre devancier Bashô, tout en peignant et en écrivant. Il se fixe vers 1750 à Kyoto pour parfaire ses études de peinture. Il mène alors de front son activité de peintre, ouvrant une école et également un atelier, et son activité de poète, fondant une association poétique. Il déménage plusieurs fois, prenant le nom de Yosa Buson après avoir habité le village de Yosa, et continue à voyager, tandis que sa réputation de peintre grandit.
Ce n'est pas que sa poésie soit en retrait par rapport à sa peinture, il devient même le Maître de l'Ecole de poésie de Kyoto, c'est tout simplement qu'il est l'un des meilleurs peintres de son temps, l'un des plus prolifiques aussi. Cela éclipsera un temps son génie de poète, bien qu'il arrête totalement de peindre pour se consacrer entièrement à la poésie dans les dernières années de sa vie.
Il voue une admiration toute particulière à Bashô, son grand devancier, dont il restaure l'ermitage avec sa femme, Tomo.
C'est tout comme lui au retour d'un voyage, un périple au mont Yoshino, que la maladie rattrapera ce pélerin infatigable en 1782. Il se remet, mais il ne résiste pas au plaisir d'aller cueillir des champignons près de Kyoto. Il retombe gravement malade et sent la mort venir. Elle viendra le prendre entouré des siens le 25 décembre 1783. On l'enterrera non loin de l'ermitage de Bashô.
La poésie de Buson est bien celle d'un grand peintre, ici c'est l'oeil et la qualité de son regard qui frappent, tout comme le sens de la composition. Là où Bashô se caractérise par l'humanité, la simplicité et une certaine truculence, Buson se montre souvent plus lyrique. Il manie les mots comme son pinceau, avec une précision qui impressionne :
la journée s'étire -
un faisan vient se poser
sur le pont de bois
un faisan vient se poser
sur le pont de bois
Ses haïkus sont construits comme ses tableaux, sur plusieurs plans admirablement étagés :
montant jusqu'au ciel
parfum des fleurs de prunier -
halo de la lune
parfum des fleurs de prunier -
halo de la lune
son amour de la nature est évident :
la rivière d'été
passée à gué, quel bonheur
les savates à la main
passée à gué, quel bonheur
les savates à la main
mais il sait aussi voir le détail qu'il saura rendre avec une certaine tendresse :
le foulard de la fillette
trop bas sur les yeux
un charme fou
trop bas sur les yeux
un charme fou
ou cette idylle naissante qui nous rappelle Brassens (un coin de parapluie) :
ondée printanière
s'en vont en devisant
manteau de paille et parapluie
s'en vont en devisant
manteau de paille et parapluie
Mais Buson sait aussi être incisif, notamment à l'égard du clergé qu'il n'épargne pas :
sa grandeur l'abbé
chiant
sur la lande fanée
chiant
sur la lande fanée
et pratique aussi volontiers l'auto-dérision :
du chicot qui me reste
je mords le pinceau gelé
la nuit
je mords le pinceau gelé
la nuit
Sa grande admiration pour Bashô se révèle dans cet hommage :
Bashô nous a quittés
depuis lors
l'an ne s'est pas terminé
en écho au célèbre haïku de son prédécesseur :
l'année se termine
chapeau, sandales de paille -
je les porte encore!
chapeau, sandales de paille -
je les porte encore!
Peintre-poète qui avait choisi sur le tard de se consacrer exclusivement au haïku, Buson ira jusqu'au bout, écrivant la veille même de sa mort trois dernières pièces dont celle-ci, chant du cygne admirable :
fleurs de prunier blanches
et cette nuit qui devient
la lueur de l'aube
et cette nuit qui devient
la lueur de l'aube