7 mai 2006
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Je parlais ici de l'écriture du haïku vu sous l'angle purement poétique. Je présume que certains d'entre vous doivent s'y intéresser du point de vue technique, d'où cette suite.
J'ai abordé les choses dans cet ordre car je suis persuadé que l'esprit doit précéder la lettre, le fond doit précéder la forme. Toutefois, il est inévitable d'aborder l'aspect technique quand on veut écrire des haïkus.
Pour rester simple, le haïku est un poème court, en principe de dix-sept syllabes réparties classiquement en trois lignes de cinq, sept puis cinq syllabes. Je dis "classiquement" car les Japonais l'écrivent fréquemment en une seule ligne. Nous l'écrivons sur trois lignes en Occident, ce qui n'est pas innocent et va nous permettre de préciser les choses.
Ces critères purement formels et fort simples suffisent-ils à faire d'un tercet un haïku? La réponse est non, ce serait trop simple. Ajoutons quelques critères:
J'ajouterai ces deux liens:
J'ai abordé les choses dans cet ordre car je suis persuadé que l'esprit doit précéder la lettre, le fond doit précéder la forme. Toutefois, il est inévitable d'aborder l'aspect technique quand on veut écrire des haïkus.
Pour rester simple, le haïku est un poème court, en principe de dix-sept syllabes réparties classiquement en trois lignes de cinq, sept puis cinq syllabes. Je dis "classiquement" car les Japonais l'écrivent fréquemment en une seule ligne. Nous l'écrivons sur trois lignes en Occident, ce qui n'est pas innocent et va nous permettre de préciser les choses.
Ces critères purement formels et fort simples suffisent-ils à faire d'un tercet un haïku? La réponse est non, ce serait trop simple. Ajoutons quelques critères:
- le haïku comporte en général deux idées qui peuvent se renforcer ou au contraire contraster. Ces deux idées introduisent ce qu'on appelle une césure (en japonais kireji), ce qui est particulièrement marqué dans cette langue par l'usage de certains mots tels que le fameux ya, qui marque une exclamation. En français, j'utilise souvent le tiret pour marquer la césure.
- Une seule idée forme donc rarement un haïku. Il s'agit alors de ce que l'on appelle une phrase repliée. A la relecture, le sentiment de platitude et de banalité domine. Un véritable haïku voit les éléments se renforcer de part et d'autre de la césure. Relisez les haïkus d'hier: aucun n'est basé sur une phrase repliée. Il y a toujours deux images se renforçant mutuellement ou en contraste l'une avec l'autre.
- Très souvent, le haïku procède par un effet de zoom sur le petit détail qui a amené son écriture. La première ligne en plan large, la seconde en plan moyen, la troisième sur le détail en question. Cela n'a bien sûr rien d'obligatoire, mais c'est assez souvent le cas.
- De manière plus dramatique, la dernière ligne peut introduire un effet de surprise ou bien éclairer les deux lignes qui précèdent en fournissant la "clé" du haïku. Un exemple:
pour son seul voyage
il n'a pas beaucoup de temps
le flocon de neige
Cet effet est encore plus accusé lorsque les deux idées présentes dans le haïku contrastent. Pour cette raison, il ne faut pas en abuser, sans quoi cela tourne au procédé.
- La rime n'est absolument pas nécessaire. Elle est purement occidentale, et le haïku est trop court pour s'en accommoder. A oublier, donc. En revanche, l'allitération ou l'assonance, utilisées avec goût, sont parfaitement admissibles.
- Le fameux 5-7-5 n'est pas obligatoire, et même les poètes classiques japonais y ont dérogé de temps à autre. Il s'agit néanmoins d'un objectif à garder en tête en guise de "garde-fou" afin d'éviter de trop s'étendre, et aussi pour son beau rythme ternaire. Toutefois, il ne faut jamais "délayer" son poème s'il est plus court ni le rendre obscur ou pire violer la syntaxe s'il est trop long.
- La métaphore: on vous dira souvent qu'elle est proscrite. En fait, ce n'est pas si vrai. Elle doit cependant rester discrète et réellement servir le sujet.
- le mot de saison (kigo): caractéristique du haïku classique, je conseille de respecter cette règle au début. Cela donne un cachet "haïku" incontestable. Ensuite, comme pour toute règle, on peut commettre des entorses si le sujet l'exige.
- le haïku doit-il être "joli", "poétique"? Soyons clairs: on parle ici de poésie, donc de création (poésie vient du Grec poein: créer). La joliesse, c'est de la décoration. La poésie, c'est de la beauté. Dois-je en dire plus? Pas de tournures alambiquées ou de mots compliqués pour le plaisir. Et si d'aventure le recours à la trivialité sert votre propos, n'hésitez pas. Vous en avez un exemple avec le ciel pissant sur la ville hier. Le haïku est bref: pas de place pour la préciosité, et le haïku n'a pas non plus froid aux yeux.
J'ajouterai ces deux liens:
- l'haïkupendium, excellent travail de Charles-Albert Lehalle. Une compilation de documents, traduite en français et faisant la part belle aux conseils d'écriture.
- Les suggestions de James W Hackett pour écrire des haïkus, sur l'excellent site franco-irlandais Haïku Spirit.