22 novembre 2005
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16:51
Il y a un débat récurrent parmi les amateurs et auteurs de haïkus: les liens supposés entre haïku et Zen. Ce débat agite en ce moment de manière un peu vive l'une des listes de diffusion que je fréquente.
Il est vrai qu'un poème de dix-sept syllabes sur trois lignes, c'est petit, c'est sobre, c'est léger. Cela correspond assez à l'idée que l'on se fait généralement du Zen, cette pratique du détachement, voire du dénuement, et du retour à l'essentiel.
Le Zen est à la mode. On en parle beaucoup, il fait vendre. Lorsque compréhension superficielle et intérêt commercial s'allient, il ne faut pas s'étonner alors de voir haïkus et Zen associés plus souvent qu'à leur tour.

Ainsi, on trouve facilement un petit coffret "Le livre du Zen" par Manuela Dunn Mascetti (éditions Philippe Picquier) composé de trois jolis petits livres: Paroles, Sagesse du Zen, Kôans, Leçons du Zen et Haïku, Poésie du Zen.

A l'opposé, certains s'opposent radicalement à tout lien entre Zen et haïku. Dans son "Petit manuel pour écrire des haïkus" (même éditeur), Philippe Costa tire à boulets rouges sur ce qu'il qualifie de "japoniaiseries".
Alors? Zen ou pas le haïku? Réponse de Normand: ça dépend ... Ca dépend des auteurs, des écoles, ça dépend des haïkus pour un même auteur. Bref, il y a autant de diversité que dans la vie.
J'ai déjà dit que j'avais des "tendances Zen". Attention, je ne suis ni un pratiquant, ni un expert du Zen. Cependant, ayant lu quelques ouvrages sur la question, je dirais qu'il me parle, qu'il correspond assez à ma sensibilité. Je suis sympathiZen en quelque sorte. Du reste, j'ai commencé à tenter d'écrire des haïkus après la lecture de "Les plus beaux contes Zen, suivi de l'art des haïkus" de Henri Brunel (éditions Calmann-Lévy), et je suis assez d'accord avec le position de l'auteur quant aux rapports entre haïkus et Zen. Rien de systématique, juste un petit arôme plus ou moins prononcé.
Incontestablement, certains haïkus de Ryôkan par exemple - moine Zen lui-même- ont-ils une saveur Zen. Ainsi celui-ci:
Quelle jolie résignation devant le cambriolage et l'envol de choses qui, après tout, n'étaient pas essentielles...
En revanche, difficile à mon sens de voir du Zen dans la joyeuse gauloiserie de celui-ci, du même auteur:
De même, j'étais sans doute dans une humeur Zen avec mes moutons fondus dans la brume et mon impression d'union du Ciel, de la Terre et de l'Homme. En revanche, je ne l'étais sans doute pas en notant:
Je me méfie de toute attitude systématique. Chacun, en fonction de son vécu, de sa culture et de sa sensibilité du moment, pourra écrire des haïkus comportant ou non une saveur Zen plus ou moins prononcée. L'important est de fixer avec sincérité le moment, puis de le laisser s'envoler vers les lecteurs. S'il s'en trouve ne serait-ce qu'un seul qui trouve du plaisir à sa lecture, c'est gagné. Pour moi, c'est tout ce qui compte.
Il est vrai qu'un poème de dix-sept syllabes sur trois lignes, c'est petit, c'est sobre, c'est léger. Cela correspond assez à l'idée que l'on se fait généralement du Zen, cette pratique du détachement, voire du dénuement, et du retour à l'essentiel.
Le Zen est à la mode. On en parle beaucoup, il fait vendre. Lorsque compréhension superficielle et intérêt commercial s'allient, il ne faut pas s'étonner alors de voir haïkus et Zen associés plus souvent qu'à leur tour.

Ainsi, on trouve facilement un petit coffret "Le livre du Zen" par Manuela Dunn Mascetti (éditions Philippe Picquier) composé de trois jolis petits livres: Paroles, Sagesse du Zen, Kôans, Leçons du Zen et Haïku, Poésie du Zen.

A l'opposé, certains s'opposent radicalement à tout lien entre Zen et haïku. Dans son "Petit manuel pour écrire des haïkus" (même éditeur), Philippe Costa tire à boulets rouges sur ce qu'il qualifie de "japoniaiseries".
Alors? Zen ou pas le haïku? Réponse de Normand: ça dépend ... Ca dépend des auteurs, des écoles, ça dépend des haïkus pour un même auteur. Bref, il y a autant de diversité que dans la vie.

Incontestablement, certains haïkus de Ryôkan par exemple - moine Zen lui-même- ont-ils une saveur Zen. Ainsi celui-ci:
Le voleur m'a tout pris
sauf la lune
à ma fenêtre
sauf la lune
à ma fenêtre
Quelle jolie résignation devant le cambriolage et l'envol de choses qui, après tout, n'étaient pas essentielles...
En revanche, difficile à mon sens de voir du Zen dans la joyeuse gauloiserie de celui-ci, du même auteur:
Réparant le toit
mes boules d'or rabougries
le vent froid d'automne
mes boules d'or rabougries
le vent froid d'automne
De même, j'étais sans doute dans une humeur Zen avec mes moutons fondus dans la brume et mon impression d'union du Ciel, de la Terre et de l'Homme. En revanche, je ne l'étais sans doute pas en notant:
Aux premiers frimas -
zut! toutes les dix minutes
envie de pisser
zut! toutes les dix minutes
envie de pisser
Je me méfie de toute attitude systématique. Chacun, en fonction de son vécu, de sa culture et de sa sensibilité du moment, pourra écrire des haïkus comportant ou non une saveur Zen plus ou moins prononcée. L'important est de fixer avec sincérité le moment, puis de le laisser s'envoler vers les lecteurs. S'il s'en trouve ne serait-ce qu'un seul qui trouve du plaisir à sa lecture, c'est gagné. Pour moi, c'est tout ce qui compte.