30 janvier 2006
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14:06
Cela arrive régulièrement : je ne suis pas satisfait de ce que j'écris.
La phrase s'embourbe, l'expression ne décolle pas. Les "mauvaises métaphores" (j'ai promis de parler de celles que je pense bonnes, ça viendra bientôt) débarquent. On revient à quelque chose de trop occidental, sans cette indéfinissable saveur du véritable haïku.
Le haïku, c'est avant tout un certain regard sur les choses, soit très simple, soit décalé avec une pointe d'humour. Cela demande une certaine légéreté (karumi) et en ce moment, je ne l'ai pas.
L'oeil est fatigué, à moins qu'il ne se pose pas où il faut. Voir le petit détail que personne n'a vu, mais qui fait toute la différence. Voir la lune là où l'imbécile ne regarde que le doigt.
Un exemple tout simple: dans le book du photographe qui a officié pour notre mariage, il y avait un instantané extraordinaire. Une photo noir et blanc, à l'intérieur de l'église. Les mariés sont debouts, très sérieux. Hors, la mise au point n'est pas faite sur eux, encore moins le cadrage. Non, ce que le photographe a vu, c'est la petite demoiselle d'honneur qui baille devant eux. Le cadrage est à hauteur de l'enfant, coupant le haut du visage des mariés qui sont flous en arrière-plan et ne forment plus que le décor de cette photo. C'est tout le haïku, ce parti pris de s'intéresser à un moment cocasse au milieu d'une cérémonie à la solennité convenue. Un peu de vie et d'impertinence.
Le remède à mon "mal"? Prendre un peu de recul. Ne pas se juger trop durement, sans toutefois céder à l'auto-complaisance. Relire les Maîtres. Rien de tel que le retour aux sources pour retrouver cette fameuse saveur dont je parlais plus haut. Quelque chose de subtil, comme l'arôme du thé blanc, qui demande une certaine éducation du palais pour y voir autre chose que de l'eau chaude. Les haïjins apprennent en principe sous la férule d'un Maître. Je n'en ai pas, juste les textes des fondateurs et grands auteurs du genre. Je vais donc les relire et m'imprégner de la légèreté de Bashô, du talent de peintre de Buson, de l'humanisme d'Issa, de l'humour féroce de Senryû ou du lyrisme de Takako. Au Japon, on dit qu'il n'y a pas de bon haïjin avant soixante-cinq ans!
Patience et travail ...
La phrase s'embourbe, l'expression ne décolle pas. Les "mauvaises métaphores" (j'ai promis de parler de celles que je pense bonnes, ça viendra bientôt) débarquent. On revient à quelque chose de trop occidental, sans cette indéfinissable saveur du véritable haïku.
Le haïku, c'est avant tout un certain regard sur les choses, soit très simple, soit décalé avec une pointe d'humour. Cela demande une certaine légéreté (karumi) et en ce moment, je ne l'ai pas.
L'oeil est fatigué, à moins qu'il ne se pose pas où il faut. Voir le petit détail que personne n'a vu, mais qui fait toute la différence. Voir la lune là où l'imbécile ne regarde que le doigt.
Un exemple tout simple: dans le book du photographe qui a officié pour notre mariage, il y avait un instantané extraordinaire. Une photo noir et blanc, à l'intérieur de l'église. Les mariés sont debouts, très sérieux. Hors, la mise au point n'est pas faite sur eux, encore moins le cadrage. Non, ce que le photographe a vu, c'est la petite demoiselle d'honneur qui baille devant eux. Le cadrage est à hauteur de l'enfant, coupant le haut du visage des mariés qui sont flous en arrière-plan et ne forment plus que le décor de cette photo. C'est tout le haïku, ce parti pris de s'intéresser à un moment cocasse au milieu d'une cérémonie à la solennité convenue. Un peu de vie et d'impertinence.
Le remède à mon "mal"? Prendre un peu de recul. Ne pas se juger trop durement, sans toutefois céder à l'auto-complaisance. Relire les Maîtres. Rien de tel que le retour aux sources pour retrouver cette fameuse saveur dont je parlais plus haut. Quelque chose de subtil, comme l'arôme du thé blanc, qui demande une certaine éducation du palais pour y voir autre chose que de l'eau chaude. Les haïjins apprennent en principe sous la férule d'un Maître. Je n'en ai pas, juste les textes des fondateurs et grands auteurs du genre. Je vais donc les relire et m'imprégner de la légèreté de Bashô, du talent de peintre de Buson, de l'humanisme d'Issa, de l'humour féroce de Senryû ou du lyrisme de Takako. Au Japon, on dit qu'il n'y a pas de bon haïjin avant soixante-cinq ans!
Patience et travail ...