18 mai 2006
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10:15
Me voici en déplacement dans le Gers pour affaires. Je supervise le tournage d'un film sur l'Eco-marathon Shell. Il s'agit d'une course énergétique où il s'agit de consommer le minimum de carburant. Mon entreprise soutient une Ecole d'ingénieurs qui a conçu ses véhicules à l'aide de nos logiciels de CFAO. La course se déroule sur le circuit Paul Armagnac à Nogaro. Entre les divers contrôles techniques, essais libres et officiels et la course, me voici dans le Gers jusqu'à dimanche.
J'ai donc pris le TGV pour Bordeaux où une voiture de location nous attendait, moi et le journaliste et le cameraman dépêchés pour l'occasion.
Il y avait longtemps que je n'avais pas pris le TGV. J'aime bien le train, j'ai toujours aimé ça. Etant gosse, je voulais travailler sur les voies. Je connaissais toutes les locomotives, leurs caractéristiques, les lignes sur lesquelles elles roulaient, les trains célèbres comme le Capitole, le train bleu ou le mythique Orient-Express.
Le paysage défilait vite (Paris-Bordeaux en trois heures, on n'a pas le temps d'amuser les rails), une légère somnolence commençait à m'envahir lorsque j'ai vu une petite scène suggérant un haïku, plus précisément un senryû. J'ai attrapé mon fidèle carnet et mon stylo et j'ai écrit :
depuis le train
regardant les vaches
qui regardent le train
Les images défilaient de plus en plus vite devant mes yeux, et les haïkus se formaient aussi vite. Dans ces conditions, il n'y a qu'une seule chose à faire: les accueillir et écrire, en essayant de suivre le rythme :
dans le train qui file
laisser courir ma plume
presque aussi vite
Certains ne supportent pas d'être assis en sens inverse de la marche. C'est le cadet de mes soucis, je trouve même que cela procure des images intéressantes :
Je ne sais pas exactement combien de temps ce flot de haïkus a coulé en moi, mais ce fut une expérience extrêmement plaisante. La semi-somnolence m'a-t-elle aidé à lâcher prise? Toujours est-il que, fasciné, j'écoutais ma voix intérieure en essayant de ne rien en perdre. Puis, le jour décrût sur ces deux derniers haïkus:
Arrivés à Bordeaux, nous avons chargé nos bagages dans la voiture. Je connais très bien la région, et une petite centaine de kilomètres plus tard, nous sommes arrivés à l'hôtel à Barbotan, station thermale gersoise renommée. L'orage a éclaté presque aussitôt. Il semble que les prévisions météo soient mauvaises jusqu'à dimanche, ce qui n'arrange pas nos affaires...
J'ai donc pris le TGV pour Bordeaux où une voiture de location nous attendait, moi et le journaliste et le cameraman dépêchés pour l'occasion.
Il y avait longtemps que je n'avais pas pris le TGV. J'aime bien le train, j'ai toujours aimé ça. Etant gosse, je voulais travailler sur les voies. Je connaissais toutes les locomotives, leurs caractéristiques, les lignes sur lesquelles elles roulaient, les trains célèbres comme le Capitole, le train bleu ou le mythique Orient-Express.
Le paysage défilait vite (Paris-Bordeaux en trois heures, on n'a pas le temps d'amuser les rails), une légère somnolence commençait à m'envahir lorsque j'ai vu une petite scène suggérant un haïku, plus précisément un senryû. J'ai attrapé mon fidèle carnet et mon stylo et j'ai écrit :
depuis le train
regardant les vaches
qui regardent le train
Les images défilaient de plus en plus vite devant mes yeux, et les haïkus se formaient aussi vite. Dans ces conditions, il n'y a qu'une seule chose à faire: les accueillir et écrire, en essayant de suivre le rythme :
à peine entrevu
le village enroulé
autour de sa colline
le village enroulé
autour de sa colline
vue depuis le train
au milieu des champs rapiécés
la petite église
au milieu des champs rapiécés
la petite église
dans le TGV
traversant une rivière
dont j'ignore le nom
traversant une rivière
dont j'ignore le nom
sur le tapis vert
du blé en herbe, au loin
un chêne et un chien
du blé en herbe, au loin
un chêne et un chien
dans le train qui file
laisser courir ma plume
presque aussi vite
dans le TGV
écrivant des haïkus
pour arrêter le temps
écrivant des haïkus
pour arrêter le temps
Certains ne supportent pas d'être assis en sens inverse de la marche. C'est le cadet de mes soucis, je trouve même que cela procure des images intéressantes :
dans le TGV
hypnotisé par les arbres
qui courent à l'envers
hypnotisé par les arbres
qui courent à l'envers
dans le TGV
les nuages à contre-sens
ne vont pas plus vite
les nuages à contre-sens
ne vont pas plus vite
Je ne sais pas exactement combien de temps ce flot de haïkus a coulé en moi, mais ce fut une expérience extrêmement plaisante. La semi-somnolence m'a-t-elle aidé à lâcher prise? Toujours est-il que, fasciné, j'écoutais ma voix intérieure en essayant de ne rien en perdre. Puis, le jour décrût sur ces deux derniers haïkus:
la journée s'achève
sur le miroir de l'étang
trois saules penchés
sur le miroir de l'étang
trois saules penchés
des rails polis
croisent des rails rouillés
et puis s'en éloignent
croisent des rails rouillés
et puis s'en éloignent
Arrivés à Bordeaux, nous avons chargé nos bagages dans la voiture. Je connais très bien la région, et une petite centaine de kilomètres plus tard, nous sommes arrivés à l'hôtel à Barbotan, station thermale gersoise renommée. L'orage a éclaté presque aussitôt. Il semble que les prévisions météo soient mauvaises jusqu'à dimanche, ce qui n'arrange pas nos affaires...