30 octobre 2006
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Masaoka Shiki est une sorte d'étoile filante dans le monde du haïku. En trente-cinq ans d'une vie courte mais entièrement dédié à la littérature et à la poésie, il réussit à rénover un genre que
l'on considérait comme moribond, jusqu'à lui imposer ce nom de haïku par lequel il est maintenant universellement connu.
On parle souvent de Shiki comme du père du haïku moderne. A la charnière de deux époques, puisqu'il vécut lors de l'ère du Meiji qui vit l'ouverture du Japon au monde, Shiki a laissé une empreinte profonde non seulement par son oeuvre poétique mais aussi par son oeuvre critique et théorique. Marqué aussi bien par l'esthétique traditionnelle chinoise et japonaise que par l'esthétique occidentale, il ouvrit incontestablement celle du haïku, le rendant universel. Il travaillait au même type de rénovation sur le waka (littéralement "poésie japonaise" par opposition au kanshi, "poésie chinoise") avec la même méthode: réflexion historique et théorique, puis mise en pratique, lorsque la mort vint le prendre. Son importance est telle qu'on peut parfois se plaindre que le haïku japonais paraisse s'arrêter à Shiki pour la plupart des éditeurs occidentaux!
Masaoka Shiki naît en 1867 à Matsuyama sur la côte nord-ouest de l'île de Shikoku. Il est issu d'une famille de samouraï de rang peu élevé et lorsque son père alcoolique meurt en laissant la famille sans ressources, il n'a que cinq ans. Sa mère subvient seule aux besoins de son fils et de sa jeune soeur Ritsu en enseignant la couture.
La figure dominante de l'enfance de Shiki devient son grand-père maternel, Ohara Kanzan, samouraï et lettré imprégné de confucianisme. Tuteur du jeune garçon, il lui enseigne le Chinois, l'écriture, les lettres classiques. C'est le début de l'ère Meiji (1868) et le vieux samouraï sent son monde finir, avec l'engouement pour l'Occident. Il y est farouchement opposé , allant jusqu'à interdire à Shiki d'apprendre l'écriture occidentale "qui court de côté comme un crabe à travers la page". Kanzan impose alors à son pupille de se lever à cinq heures de matin pour lui prodiguer lui-même deux heures d'enseignement dans la plus pure tradition.
A l'école, c'est un élève studieux, que ses professeurs encouragent à étudier aussi la littérature occidentale, ce que Shiki va faire après le décès de son grand-père, survenu alors qu'il a huit ans. Peu à peu va ainsi se constituer cette double culture enracinée vers la tradition mais ouverte sur l'extérieur qui imprégnera toute son oeuvre. L'ouverture en question s'accentue lorsque Shiki obtient à seize ans une bourse pour aller étudier à Tokyo
La capitale est au carrefour de la tradition et des nouvelles influences occidentales. Elève brillant, le jeune Shiki s'intéresse à des formes poétiques nouvelles, tant occidentales que japonaises. C'est à cette époque qu'il se passionne pour ce qu'on appelle encore le haïkaï. Il se plonge dans l'oeuvre des maîtres classiques, en particulier Bashô et commence à écrire lui-même des haïkaï.
Sa réputation grandit, il crée plusieurs clubs de poésie lorsqu'il commence à cracher du sang à l'âge de vingt-deux ans. Ce sont les premiers signes de la tuberculose qui l'emportera. Avec une auto-dérision distanciée rappelant l'état d'esprit de son grand-père , il prend pour nom de plume Shiki, c'est à dire "coucou". Cet oiseau a en effet la réputation de chanter avec tant d'ardeur qu'il finit par en cracher du sang.
Et Shiki chante en effet. Au seuil de l'université impériale de Tokyo, il est si obsédé par l'écriture qu'il ne parvient pas à réviser et rate l'examen d'entrée. Il explique comment il avait tenté de faire place nette dans son cabinet de travail, enlevant tous les livres, source potentielle de distraction. Un haïku s'étant formé dans son esprit, il ne lui était resté d'autre solution que de le noter aussitôt sur l'abat-jour. Ce haïku fut suivi d'un autre, puis d'un troisième et finalement l'abat-jour s'était vite recouvert de poèmes.
Shiki décide donc d'arrêter ses études, ce qui le prive de la bourse qui le faisait vivre. Tout ce qu'il veut désormais, c'est écrire une histoire du haïkaï classique d'une part et rendre ainsi hommage aux Maîtres et d'autre part rendre à ce genre poétique une vitalité qui lui fait désormais défaut, ayant été réduit au rang d'aimable exercice de salon pour dilettantes lettrés.
Après une période difficile financièrement parlant il réussit à placer une série de chroniques littéraires dans le quotidien Nihon. Il s'y interroge sur la décadence du haïku depuis l'époque de Bashô. Recherchant ce qui fait la force de la poésie du Maître et de son école, il conclut de manière surprenante que la dévotion paralysante à ce grand modèle a été la source principale de l'affadissement du genre. Ce faisant, il finit même par remettre en question certains aspects du style de Bashô, y trouvant des éléments prosaïques et conventionnels. Rapidement, il expose ses critères: rejet du phénomène sclérosant des écoles, liberté de ton, de thème (non seulement la nature, comme Bashô, mais aussi la ville et le progrès moderne) et de vocabulaire (les mots chinois et occidentaux ne sont plus exclus), description pure et simple de ce qui est, à l'instar de la peinture occidentale. Shiki illustre ses propos de ses propres haïkus et encourage les lecteurs à lui envoyer leurs propres compositions.
Le succès est rapide. La liberté de ton, la nouveauté du propos, l'absence de pédantisme du jeune auteur qui ne se contente pas de discourir mais met ses théories en pratique lui attirent un courrier volumineux. Le journal Nihon lui confie très vite sa rubrique haïkus, et de jeunes poètes enthousiastes forment autour de lui un début d'école, chose qu'il récuse pourtant fermement.
Ce succès a deux conséquences: le mettre à l'abri du besoin d'une part, lui permettre de développer ses conceptions d'autre part. Ce seront ainsi près de quatre-vingt essais qui paraîtront au cours de sa carrière, toujours illustrés d'exemples. Il développe une activité intense, fondant la fameuse revue Hototogisu (autre nom du coucou), se liant avec plusieurs poètes et écrivains, dont Natsume Sôseki, alors inconnu et futur réformateur du roman japonais. Une amitié indéfectible naît entre les deux hommes, Sôseki devenant l'élève de Shiki en matière de poésie.
Mais la maladie est là, et la course contre la mort s'engage. Ayant voulu couvrir pour Nihon le conflit sino-japonais, Shiki rentre malade de Chine et se remet par miracle. Hélas, une douleur persistante à la hanche révèle rapidement que la tuberculose a pris une forme osseuse. Petit à petit, Shiki va se retrouver cloué au lit, souffrant de plus en plus.
Son activité littéraire n'en est pas le moins du monde affectée. Il fait redécouvrir Buson, admiré comme peintre mais incroyablement inconnu comme poète. Il tente d'appliquer au waka (ou tanka) le même traitement refondateur qu'il a appliqué au haïku: étude historique et critique, dépoussiérage, essais pratiques et appels à contribution des lecteurs. Certains, tels Jean-Jacques Origas dans son Dictionnaire de littérature japonaise, considèrent que ce fut un échec, les deux genres poétiques étant fondamentalement différents. D'autres pensent pourtant que Shiki fut aussi un grand auteur de wakas, leur apportant le même liberté de thème, de ton et de vocabulaire qu'au haïku et revitalisant ainsi la plus ancienne forme de poésie japonaise.
Insatiable, sachant que le temps lui est compté, Shiki s'attaque aussi à la prose, mais la tuberculose finit par le vaincre à l'âge de trente-cinq ans, entouré de sa famille et de ses amis. Le coucou chante une dernière fois le 19 septembre 1902.
Sa poésie est directe et sans artifices. Shiki rejetait toute affectation, mettant en avant le shasei, croquis d'après nature. Cela ne va pas sans problèmes de traduction: trop littérale, elle rend ses haïkus un peu secs. Trop contournée, elle les trahit en ajoutant artificiellement de la joliesse à ce qui est la pure et simple beauté de l'expérience. Il m'est fréquemment arrivé de devoir lire trois ou quatre traductions différentes de certains haïkus de Shiki pour les apprécier, un phénomène que je n'avais jamais rencontré avec les autres Maîtres du genre.
Il y a donc le croquis d'après nature, dans la grande tradition de Bashô ou Buson:
Les activités humaines, admirablement saisies à l'instar d'un Buson:
Les thèmes nouveaux, autrefois jugés inconvenants ou bien empruntés à la modernisation accélérée caractéristique de l'ère Meiji:
Il y a aussi les nuits de solitude où la tuberculose osseuse l'empêche de fermer l'oeil:
ce bijou d'auto-dérision:
et celui-ci, une description prémonitoire de sa postérité littéraire:
Shiki, ce météore qui a revitalisé le haïku et l'a ouvert aux influences extérieures, reste unique. Lui qui détestait les écoles en laissera pourtant deux, animées par deux de ses disciples: celle de Kyoshi, partisan d'une stricte orthodoxie, et celle d'Hekigodo, défenseur du vers libre qui aboutira à Seisensui, Hosaï et Santoka.
Il n'en demandait pas tant, lui qui rédigea ainsi son épitaphe:
On parle souvent de Shiki comme du père du haïku moderne. A la charnière de deux époques, puisqu'il vécut lors de l'ère du Meiji qui vit l'ouverture du Japon au monde, Shiki a laissé une empreinte profonde non seulement par son oeuvre poétique mais aussi par son oeuvre critique et théorique. Marqué aussi bien par l'esthétique traditionnelle chinoise et japonaise que par l'esthétique occidentale, il ouvrit incontestablement celle du haïku, le rendant universel. Il travaillait au même type de rénovation sur le waka (littéralement "poésie japonaise" par opposition au kanshi, "poésie chinoise") avec la même méthode: réflexion historique et théorique, puis mise en pratique, lorsque la mort vint le prendre. Son importance est telle qu'on peut parfois se plaindre que le haïku japonais paraisse s'arrêter à Shiki pour la plupart des éditeurs occidentaux!
Masaoka Shiki naît en 1867 à Matsuyama sur la côte nord-ouest de l'île de Shikoku. Il est issu d'une famille de samouraï de rang peu élevé et lorsque son père alcoolique meurt en laissant la famille sans ressources, il n'a que cinq ans. Sa mère subvient seule aux besoins de son fils et de sa jeune soeur Ritsu en enseignant la couture.
La figure dominante de l'enfance de Shiki devient son grand-père maternel, Ohara Kanzan, samouraï et lettré imprégné de confucianisme. Tuteur du jeune garçon, il lui enseigne le Chinois, l'écriture, les lettres classiques. C'est le début de l'ère Meiji (1868) et le vieux samouraï sent son monde finir, avec l'engouement pour l'Occident. Il y est farouchement opposé , allant jusqu'à interdire à Shiki d'apprendre l'écriture occidentale "qui court de côté comme un crabe à travers la page". Kanzan impose alors à son pupille de se lever à cinq heures de matin pour lui prodiguer lui-même deux heures d'enseignement dans la plus pure tradition.
A l'école, c'est un élève studieux, que ses professeurs encouragent à étudier aussi la littérature occidentale, ce que Shiki va faire après le décès de son grand-père, survenu alors qu'il a huit ans. Peu à peu va ainsi se constituer cette double culture enracinée vers la tradition mais ouverte sur l'extérieur qui imprégnera toute son oeuvre. L'ouverture en question s'accentue lorsque Shiki obtient à seize ans une bourse pour aller étudier à Tokyo
La capitale est au carrefour de la tradition et des nouvelles influences occidentales. Elève brillant, le jeune Shiki s'intéresse à des formes poétiques nouvelles, tant occidentales que japonaises. C'est à cette époque qu'il se passionne pour ce qu'on appelle encore le haïkaï. Il se plonge dans l'oeuvre des maîtres classiques, en particulier Bashô et commence à écrire lui-même des haïkaï.
Sa réputation grandit, il crée plusieurs clubs de poésie lorsqu'il commence à cracher du sang à l'âge de vingt-deux ans. Ce sont les premiers signes de la tuberculose qui l'emportera. Avec une auto-dérision distanciée rappelant l'état d'esprit de son grand-père , il prend pour nom de plume Shiki, c'est à dire "coucou". Cet oiseau a en effet la réputation de chanter avec tant d'ardeur qu'il finit par en cracher du sang.
Et Shiki chante en effet. Au seuil de l'université impériale de Tokyo, il est si obsédé par l'écriture qu'il ne parvient pas à réviser et rate l'examen d'entrée. Il explique comment il avait tenté de faire place nette dans son cabinet de travail, enlevant tous les livres, source potentielle de distraction. Un haïku s'étant formé dans son esprit, il ne lui était resté d'autre solution que de le noter aussitôt sur l'abat-jour. Ce haïku fut suivi d'un autre, puis d'un troisième et finalement l'abat-jour s'était vite recouvert de poèmes.
Shiki décide donc d'arrêter ses études, ce qui le prive de la bourse qui le faisait vivre. Tout ce qu'il veut désormais, c'est écrire une histoire du haïkaï classique d'une part et rendre ainsi hommage aux Maîtres et d'autre part rendre à ce genre poétique une vitalité qui lui fait désormais défaut, ayant été réduit au rang d'aimable exercice de salon pour dilettantes lettrés.
Après une période difficile financièrement parlant il réussit à placer une série de chroniques littéraires dans le quotidien Nihon. Il s'y interroge sur la décadence du haïku depuis l'époque de Bashô. Recherchant ce qui fait la force de la poésie du Maître et de son école, il conclut de manière surprenante que la dévotion paralysante à ce grand modèle a été la source principale de l'affadissement du genre. Ce faisant, il finit même par remettre en question certains aspects du style de Bashô, y trouvant des éléments prosaïques et conventionnels. Rapidement, il expose ses critères: rejet du phénomène sclérosant des écoles, liberté de ton, de thème (non seulement la nature, comme Bashô, mais aussi la ville et le progrès moderne) et de vocabulaire (les mots chinois et occidentaux ne sont plus exclus), description pure et simple de ce qui est, à l'instar de la peinture occidentale. Shiki illustre ses propos de ses propres haïkus et encourage les lecteurs à lui envoyer leurs propres compositions.
Le succès est rapide. La liberté de ton, la nouveauté du propos, l'absence de pédantisme du jeune auteur qui ne se contente pas de discourir mais met ses théories en pratique lui attirent un courrier volumineux. Le journal Nihon lui confie très vite sa rubrique haïkus, et de jeunes poètes enthousiastes forment autour de lui un début d'école, chose qu'il récuse pourtant fermement.
Ce succès a deux conséquences: le mettre à l'abri du besoin d'une part, lui permettre de développer ses conceptions d'autre part. Ce seront ainsi près de quatre-vingt essais qui paraîtront au cours de sa carrière, toujours illustrés d'exemples. Il développe une activité intense, fondant la fameuse revue Hototogisu (autre nom du coucou), se liant avec plusieurs poètes et écrivains, dont Natsume Sôseki, alors inconnu et futur réformateur du roman japonais. Une amitié indéfectible naît entre les deux hommes, Sôseki devenant l'élève de Shiki en matière de poésie.
Mais la maladie est là, et la course contre la mort s'engage. Ayant voulu couvrir pour Nihon le conflit sino-japonais, Shiki rentre malade de Chine et se remet par miracle. Hélas, une douleur persistante à la hanche révèle rapidement que la tuberculose a pris une forme osseuse. Petit à petit, Shiki va se retrouver cloué au lit, souffrant de plus en plus.
Son activité littéraire n'en est pas le moins du monde affectée. Il fait redécouvrir Buson, admiré comme peintre mais incroyablement inconnu comme poète. Il tente d'appliquer au waka (ou tanka) le même traitement refondateur qu'il a appliqué au haïku: étude historique et critique, dépoussiérage, essais pratiques et appels à contribution des lecteurs. Certains, tels Jean-Jacques Origas dans son Dictionnaire de littérature japonaise, considèrent que ce fut un échec, les deux genres poétiques étant fondamentalement différents. D'autres pensent pourtant que Shiki fut aussi un grand auteur de wakas, leur apportant le même liberté de thème, de ton et de vocabulaire qu'au haïku et revitalisant ainsi la plus ancienne forme de poésie japonaise.
Insatiable, sachant que le temps lui est compté, Shiki s'attaque aussi à la prose, mais la tuberculose finit par le vaincre à l'âge de trente-cinq ans, entouré de sa famille et de ses amis. Le coucou chante une dernière fois le 19 septembre 1902.
Sa poésie est directe et sans artifices. Shiki rejetait toute affectation, mettant en avant le shasei, croquis d'après nature. Cela ne va pas sans problèmes de traduction: trop littérale, elle rend ses haïkus un peu secs. Trop contournée, elle les trahit en ajoutant artificiellement de la joliesse à ce qui est la pure et simple beauté de l'expérience. Il m'est fréquemment arrivé de devoir lire trois ou quatre traductions différentes de certains haïkus de Shiki pour les apprécier, un phénomène que je n'avais jamais rencontré avec les autres Maîtres du genre.
Il y a donc le croquis d'après nature, dans la grande tradition de Bashô ou Buson:
dans l'eau de la cruche
nage une grenouille verte -
les pluies de mai
nage une grenouille verte -
les pluies de mai
minuit passé -
la Voie Lactée s'incline
sur un bambou
la Voie Lactée s'incline
sur un bambou
la chauve-souris
le bruit sombre de son vol
au coeur du bosquet
le bruit sombre de son vol
au coeur du bosquet
Les activités humaines, admirablement saisies à l'instar d'un Buson:
on grille des châtaignes
tranquilles bavardages
crépuscule
tranquilles bavardages
crépuscule
odeur de poisson cru
village de pêcheurs
danse sous la lune
village de pêcheurs
danse sous la lune
sources thermales -
la Voie Lactée
sur les corps nus
la Voie Lactée
sur les corps nus
Les thèmes nouveaux, autrefois jugés inconvenants ou bien empruntés à la modernisation accélérée caractéristique de l'ère Meiji:
larves de moustiques
dans l'eau bénite
où l'on a puisé
dans l'eau bénite
où l'on a puisé
les oies sauvages au ras
des rails du chemin de fer
nuit de lune
des rails du chemin de fer
nuit de lune
Il y a aussi les nuits de solitude où la tuberculose osseuse l'empêche de fermer l'oeil:
nuit sans fin -
je songe à ce qui viendra
dans dix mille ans
je songe à ce qui viendra
dans dix mille ans
ce bijou d'auto-dérision:
longue nuit -
le singe rêve au moyen
d'attraper la lune
le singe rêve au moyen
d'attraper la lune
et celui-ci, une description prémonitoire de sa postérité littéraire:
solitude -
après le feu d'artifice
une étoile filante
après le feu d'artifice
une étoile filante
Shiki, ce météore qui a revitalisé le haïku et l'a ouvert aux influences extérieures, reste unique. Lui qui détestait les écoles en laissera pourtant deux, animées par deux de ses disciples: celle de Kyoshi, partisan d'une stricte orthodoxie, et celle d'Hekigodo, défenseur du vers libre qui aboutira à Seisensui, Hosaï et Santoka.
Il n'en demandait pas tant, lui qui rédigea ainsi son épitaphe:
un mangeur de kakis
qui aimait les haïkus
souvenez-vous ainsi de moi
qui aimait les haïkus
souvenez-vous ainsi de moi