24 mars 2006
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15:53
Il y a quelques temps, je sortais d'une longue réunion. Il était un peu tard pour aller au restaurant d'entreprise, où il n'aurait plus resté grand chose, et puis avouons-le, j'avais envie de me faire plaisir après quatre heures entre quatre murs.
Je suis donc allé prendre un plat de pâtes fraîches dans un petit restaurant derrière le bureau. Les spécialités italiennes et grecques sont excellentes, et vue l'heure avancée, je me suis retrouvé pratiquement seul. C'était parfait pour décompresser.
Et puis quelqu'un a mis un disque. Du jazz. Une chanteuse à la voix suave. Un balancement cool, presque paresseux. Si ce n'avait été le parfum entêtant du basilic et de la tomate fraîche montant de l'assiette de penne que l'on venait de poser devant moi, j'aurais pu me croire dans un de ces piano-bars que je fréquentais étant étudiant. Fatigué par la réunion, je me suis laissé allé sur la voix de la chanteuse comme sur un oreiller sonore, et j'ai laissé mes pensées dériver.
J'ai déjà parlé des photos-haïkus, aujourd'hui je vous propose mes jazzhaïkus, des haïkus avec bande-son.

Sorti de ma rêverie, j'ai dégusté mes pâtes et ai demandé le nom de la chanteuse et de l'album.
C'était Heaven, Earth And Beyond, par Lisa Ekdahl. Ce sera ma suggestion d'écoute en lisant ces haïkus.
En 1987, Jacques de Loustal et Philippe Paringaux avaient sorti une bande dessinée splendide, Barney et la note bleue (éd. Casterman). Plus qu'une BD, il s'agit d'un véritable roman illustré, avec le style si particulier des deux auteurs. Pas de bulles, le texte est en bas, comme un sous-titrage.
Barney est un saxophoniste de génie, inspiré par Barney Wilen, musicien français qui a joué avec les plus grands dans les années soixante. Son tempérament fantasque ne lui a hélas pas permis de faire la carrière qu'il méritait, et il était plus ou moins tombé dans l'oubli. Bien que le destin du Barney de la BD soit plus dramatique que celui de son modèle, son caractère est fidèlement restitué, comme le soin maniaque qu'il prend de ses chaussures et son morceau fétiche, Besame mucho.
La note bleue, c'est cette note que cherchent tous les musiciens. La note vivante, vibrante, celle dans laquelle le musicien met tout son coeur et qui touche l'auditeur au-delà de toute expression. Chopin en parlait déjà à Georges Sand. Les musiciens de jazz vont adopter l'expression. La note bleue donnera son nom au plus grand des labels de jazz, Blue Note.
J'ai adoré cette BD, et si j'en parle aujourd'hui, c'est que l'histoire ne s'arrête pas là. Apprenant qu'il a inspiré un livre, Barney Wilen lit la BD et contacte Loustal et Paringaux. Rapidement naît l'idée d'un disque, une bande-son de Barney et la note bleue. Sorti la même année, cet enregistrement relance la carrière de Barney Wilen. Belle histoire non?
Et donc, après la BD avec bande-son, pourquoi pas le haïku avec bande-son? Juste un clin d'oeil ...
Je suis donc allé prendre un plat de pâtes fraîches dans un petit restaurant derrière le bureau. Les spécialités italiennes et grecques sont excellentes, et vue l'heure avancée, je me suis retrouvé pratiquement seul. C'était parfait pour décompresser.
Et puis quelqu'un a mis un disque. Du jazz. Une chanteuse à la voix suave. Un balancement cool, presque paresseux. Si ce n'avait été le parfum entêtant du basilic et de la tomate fraîche montant de l'assiette de penne que l'on venait de poser devant moi, j'aurais pu me croire dans un de ces piano-bars que je fréquentais étant étudiant. Fatigué par la réunion, je me suis laissé allé sur la voix de la chanteuse comme sur un oreiller sonore, et j'ai laissé mes pensées dériver.
J'ai déjà parlé des photos-haïkus, aujourd'hui je vous propose mes jazzhaïkus, des haïkus avec bande-son.
piano-bar obscur
la chanteuse aux yeux clos
promet tant de choses
pénombre enfumée
sa voix suave m'enveloppe
son parfum aussi
un vieux saxo ivre -
ses mains autour du micro
je ferme les yeux
la chanteuse aux yeux clos
promet tant de choses
pénombre enfumée
sa voix suave m'enveloppe
son parfum aussi
un vieux saxo ivre -
ses mains autour du micro
je ferme les yeux

Sorti de ma rêverie, j'ai dégusté mes pâtes et ai demandé le nom de la chanteuse et de l'album.
C'était Heaven, Earth And Beyond, par Lisa Ekdahl. Ce sera ma suggestion d'écoute en lisant ces haïkus.
En 1987, Jacques de Loustal et Philippe Paringaux avaient sorti une bande dessinée splendide, Barney et la note bleue (éd. Casterman). Plus qu'une BD, il s'agit d'un véritable roman illustré, avec le style si particulier des deux auteurs. Pas de bulles, le texte est en bas, comme un sous-titrage.

La note bleue, c'est cette note que cherchent tous les musiciens. La note vivante, vibrante, celle dans laquelle le musicien met tout son coeur et qui touche l'auditeur au-delà de toute expression. Chopin en parlait déjà à Georges Sand. Les musiciens de jazz vont adopter l'expression. La note bleue donnera son nom au plus grand des labels de jazz, Blue Note.
J'ai adoré cette BD, et si j'en parle aujourd'hui, c'est que l'histoire ne s'arrête pas là. Apprenant qu'il a inspiré un livre, Barney Wilen lit la BD et contacte Loustal et Paringaux. Rapidement naît l'idée d'un disque, une bande-son de Barney et la note bleue. Sorti la même année, cet enregistrement relance la carrière de Barney Wilen. Belle histoire non?
Et donc, après la BD avec bande-son, pourquoi pas le haïku avec bande-son? Juste un clin d'oeil ...