6 décembre 2005
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16:41
Un titre en forme d'hommage à Claude Nougaro, autre grand poète et tritureur de mots dont je suis un fan de longue date.
La pluie dont je voudrais parler aujourd'hui ne fait pas de claquettes à minuit. Je suis plutôt dessous, et ça me convient assez :
J'ai envoyé ce haïku-senryû sur la liste haiku-fr, en précisant que j'hésitais avec la version suivante, qui me paraissait plus forte:
Il faut en effet se méfier de nos mots de liaison français (articles, prépositions etc.) lorsqu'ils ne sont pas absolument nécessaires à la compréhension. Sans tomber pour autant dans le style télégraphique, la chasse aux "chevilles" comme les nommait le Maître Shiki permet de se recentrer sur l'essentiel et lui laisser exprimer toute sa force.
D'une part on releva une redondance entre "nez au vent" et "bras ouverts", que je récusais assez vite, car je pourrais avoir les mains dans les poches, dans une attitude de repli frileux, alors que c'est ici tout le contraire.
Seconde remarque: je dis presque tout. Touché cette fois, il manque peut-être ce léger flou dont raffolent les Japonais.
Troisième suggestion, et que je fus à deux doigts d'adopter, restructurer le poème comme suit
ce qui donne un rythme 3/8/4 (15 syllabes) plus proche du traditionnel 5-7-5. Je l'ai déjà dit (et j'en parlerai plus longuement bientôt), je suis assez attaché au 5-7-5 sans en faire une fin en soi.
J'étais donc prêt de m'arrêter à cette version, toutefois quelque chose me retenait, mais je ne savais pas exactement quoi. Et puis je reçus ce retour de Kalasanyima :
"....envie de m'arrêter sur ce haïku qui me plaît beaucoup tel que tu l'as écrit, Richard... sans les petites barrières que sont les articles.... j'aime l'attente après le verbe recevoir... puis la rencontre avec la pluie... et si la ligne 3 est longue, c'est qu'il pleut des cordes... et c'est encore plus agréable..."
J'avoue que je ne savais pas réellement pourquoi j'avais laissé "recevoir" comme en suspens à la fin de la seconde ligne. Je sentais confusément que cela laissait une ouverture, dans laquelle la pluie s'engouffrait soudain. Finalement, bien que le rythme ne soit pas court-long-court, je préfère en fin de compte la seconde version. Merci à Kalasanyima de m'avoir ouvert les yeux sur une intention implicite, mais dont je n'avais pas réussi à prendre pleinement conscience.
C'est là tout l'intérêt des ateliers d'écriture, on en apprend tous les jours, y compris et surtout sur soi-même!
Et pourquoi pas un petit sondage: quelle version préférez-vous? N'hésitez pas à vous exprimer en me laissant vos commentaires!
La pluie dont je voudrais parler aujourd'hui ne fait pas de claquettes à minuit. Je suis plutôt dessous, et ça me convient assez :
le nez au vent
les bras ouverts, recevoir
la pluie dans un grand rire
les bras ouverts, recevoir
la pluie dans un grand rire
nez au vent,
bras ouverts, recevoir
la pluie dans un grand rire
bras ouverts, recevoir
la pluie dans un grand rire
D'une part on releva une redondance entre "nez au vent" et "bras ouverts", que je récusais assez vite, car je pourrais avoir les mains dans les poches, dans une attitude de repli frileux, alors que c'est ici tout le contraire.
Seconde remarque: je dis presque tout. Touché cette fois, il manque peut-être ce léger flou dont raffolent les Japonais.
Troisième suggestion, et que je fus à deux doigts d'adopter, restructurer le poème comme suit
nez au vent,
bras ouverts, recevoir la pluie
dans un grand rire
bras ouverts, recevoir la pluie
dans un grand rire
J'étais donc prêt de m'arrêter à cette version, toutefois quelque chose me retenait, mais je ne savais pas exactement quoi. Et puis je reçus ce retour de Kalasanyima :
"....envie de m'arrêter sur ce haïku qui me plaît beaucoup tel que tu l'as écrit, Richard... sans les petites barrières que sont les articles.... j'aime l'attente après le verbe recevoir... puis la rencontre avec la pluie... et si la ligne 3 est longue, c'est qu'il pleut des cordes... et c'est encore plus agréable..."
J'avoue que je ne savais pas réellement pourquoi j'avais laissé "recevoir" comme en suspens à la fin de la seconde ligne. Je sentais confusément que cela laissait une ouverture, dans laquelle la pluie s'engouffrait soudain. Finalement, bien que le rythme ne soit pas court-long-court, je préfère en fin de compte la seconde version. Merci à Kalasanyima de m'avoir ouvert les yeux sur une intention implicite, mais dont je n'avais pas réussi à prendre pleinement conscience.
C'est là tout l'intérêt des ateliers d'écriture, on en apprend tous les jours, y compris et surtout sur soi-même!
Et pourquoi pas un petit sondage: quelle version préférez-vous? N'hésitez pas à vous exprimer en me laissant vos commentaires!