23 octobre 2007
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Le haïku d'hier mérite une explication.
La fatigue accumulée pendant la semaine, le stress et bien d'autres facteurs transitoires ont avivé les tensions et fait que j'ai passé un week-end exécrable, en dépit du beau temps.
Dimanche soir, un corbeau passant dans le ciel bleu au moment où je fermais la fenêtre me fait noter:
dans le ciel bleu
un oiseau noir tout là haut
moi, sous son ombre immense
Vient ensuite le temps du travail qui va permettre d'obtenir un haïku à partir de cette notation et de mon état d'esprit à ce moment précis, à savoir une sourde colère. L'ingrédient de base est constitué par le fort contraste entre ce ciel bleu et l'ombre de l'oiseau noir qui s'étend sur moi et révèle mon humeur.
Première constatation : la formulation initiale est beaucoup trop verbeuse. Je commence à élaguer :
ciel bleu
un oiseau noir très haut
moi, sous son ombre immense
Puis, j'accentue la position dominante de l'oiseau par le choix du mot juste et précis. En outre, je renforce le contraste ciel bleu/oiseau noir en insérant une césure à la fin de la première ligne :
ciel bleu -
un oiseau noir au zénith
moi, sous son ombre immense
A cet instant précis me revient un passage du merveilleux récit Oreiller d'herbes de Natsume Sôseki:
En effet, je réalise que je ne suis plus en colère. Me pencher sur cette colère, l'accepter, l'intégrer en tant qu'expérience sans la juger et en rendre compte m'a permis de la positiver et donc de la dissiper.
Il ne me reste plus qu'à m'effacer pour ouvrir le poème et en faire un véritable haïku, où seule l'expérience de ce que j'ai vu demeure. Un expérience que tout un chacun pourra recevoir de diverses manières, en fonction de son propre vécu. Dernier changement, subtil mais important : je déplace la césure, qui n'accentue plus le contraste révélant mon humeur, mais juste le phénomène optique observé. Plus de jugement, juste ce qui s'est passé, dans sa pureté.
ciel bleu
un oiseau noir au zénith
- son ombre immense
L'acte d'écriture comme une thérapie ... Me revient cet autre passage d'Oreiller d'herbes:
La fatigue accumulée pendant la semaine, le stress et bien d'autres facteurs transitoires ont avivé les tensions et fait que j'ai passé un week-end exécrable, en dépit du beau temps.
Dimanche soir, un corbeau passant dans le ciel bleu au moment où je fermais la fenêtre me fait noter:
dans le ciel bleu
un oiseau noir tout là haut
moi, sous son ombre immense
Vient ensuite le temps du travail qui va permettre d'obtenir un haïku à partir de cette notation et de mon état d'esprit à ce moment précis, à savoir une sourde colère. L'ingrédient de base est constitué par le fort contraste entre ce ciel bleu et l'ombre de l'oiseau noir qui s'étend sur moi et révèle mon humeur.
Première constatation : la formulation initiale est beaucoup trop verbeuse. Je commence à élaguer :
ciel bleu
un oiseau noir très haut
moi, sous son ombre immense
Puis, j'accentue la position dominante de l'oiseau par le choix du mot juste et précis. En outre, je renforce le contraste ciel bleu/oiseau noir en insérant une césure à la fin de la première ligne :
ciel bleu -
un oiseau noir au zénith
moi, sous son ombre immense
A cet instant précis me revient un passage du merveilleux récit Oreiller d'herbes de Natsume Sôseki:
Supposons que l’on soit en colère : la colère prend aussitôt la forme de 17 syllabes. Sa transmutation en 17 syllabes en fait la colère d’un autre. Une même personne ne peut pas en même temps se mettre en colère et composer un haïku.
En effet, je réalise que je ne suis plus en colère. Me pencher sur cette colère, l'accepter, l'intégrer en tant qu'expérience sans la juger et en rendre compte m'a permis de la positiver et donc de la dissiper.
Il ne me reste plus qu'à m'effacer pour ouvrir le poème et en faire un véritable haïku, où seule l'expérience de ce que j'ai vu demeure. Un expérience que tout un chacun pourra recevoir de diverses manières, en fonction de son propre vécu. Dernier changement, subtil mais important : je déplace la césure, qui n'accentue plus le contraste révélant mon humeur, mais juste le phénomène optique observé. Plus de jugement, juste ce qui s'est passé, dans sa pureté.
ciel bleu
un oiseau noir au zénith
- son ombre immense
L'acte d'écriture comme une thérapie ... Me revient cet autre passage d'Oreiller d'herbes:
Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le coeur des hommes.